Portrait du colonisé. Portrait du colonisateur.

Hola ! Je suis de retour pour vous parler d’un immense coup de cœur littéraire : Portrait du colonisé. Portrait du colonisateur, d’Albert Memmi. Cet essai paru en 1957 dresse un portrait de deux protagonistes de la relation coloniale. J’ai été frappée par la finesse des descriptions d’Albert Memmi. J’avais envie de surligner chaque phrase tant elles étaient véridiques et percutantes. L’auteur y aborde les privilèges du colonisateur, le racisme, l’assimilation, le bilinguisme colonial, l’affirmation du colonisé, et bien d’autres thématiques. Ce livre a malheureusement très peu vieilli : l’écrasante majorité des analyses restent d’actualité, malgré quelques nuances. À titre personnel, je me suis reconnue dans le portrait du colonisé, mais aussi dans certaines facettes du portrait du colonisateur.

Pour mieux vous donner envie de lire ce livre, je vous donne un aperçu des portraits du colonisateur et du colonisé ci-dessous.

Portrait du colonisateur

  1. L’Européen qui vit dans la colonie mais sans privilèges. SPOILER : il n’existe pas ! « Tout colonisateur est privilégié, car il l’est comparativement, et au détriment du colonisé ».
  2. Le colonisateur qui se refuse. Il vit dans la colonie mais refuse ses privilèges et n’adhère pas à l’idéologie coloniale. Pourtant, dans les faits, il continue de jouir de ses privilèges, ce qui le place dans une éternelle contradiction.
  3. Le colonisateur qui s’accepte. Il dévalorise sans cesse le colonisé mais il sait que sans le colonisé, il n’existe plus. Il se convainc et convainc le colonisé que la colonisation est légitime. Il dit ne pas avoir de devoirs envers le colonisé aussi bien que ce dernier n’a pas de droits, ce qui lui permet d’être paternaliste.

Portrait du colonisé

  1. Le colonisé est déshumanisé par le colonisateur. « Le colonisé n’est pas libre de se choisir colonisé ou non colonisé […]. À  la limite, ambition suprême du colonisateur, il devrait ne plus exister qu’en fonction des besoins du colonisateur, c’est-à-dire s’être transformé en colonisé pur ».
  2. Le colonisé qui accepte l’assimilation. Il éprouve une haine de soi et un amour pour le colonisateur.  « Enfin, nègre, juif ou colonisé, il faut ressembler de plus près au Blanc, au non-juif, au colonisateur. De même que beaucoup de gens évitent de promener leur parent pauvre, le colonisé en mal d’assimilation cache son passé, ses traditions, toutes ses racines enfin, devenues infamantes ».
  3. Le colonisé qui se libère. Il se reconquiert et retrouve sa dignité en refusant le colonisateur. « Après avoir été si longtemps refusé par le colonisateur, le jour est venu où c’est le colonisé qui refuse le colonisateur ».

J’espère que vous cette chronique vous aura plu ! N’hésitez pas à me partager vos impressions sur cet ouvrage si vous le lisez.

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