La Parole aux négresses, d’Awa Thiam

Je connaissais ce livre depuis un bon moment et j’avais très envie de le découvrir, en sachant qu’il s’agissait d’un ouvrage fondateur du féminisme noir. Cependant, il était très difficile de mettre la main dessus car il n’était plus édité ! Je suis donc ravie d’avoir enfin pu l’acheter en octobre dernier lors de mon voyage à Dakar et de vous le présenter en cette journée internationale des droits de la femme 🤎.

Pour la petite présentation, la Parole aux négresses est un essai de l’anthropologue sénégalaise Awa Thiam paru en 1978. Elle y dénonce les multiples oppressions et violences – les mutilations génitales féminines, la polygamie, le blanchiment de la peau, etc. – subies par les femmes noires, en s’appuyant sur des témoignages.

J’ai évidemment adoré cet ouvrage pour la puissance de son propos et son aspect précurseur. Comme pour Portrait du colonisateur. Portrait du colonisé (dont je vous ai parlé dans cet article), j’ai été consternée d’apprendre qu’on avait de telles pépites dans la littérature antiraciste et féministe francophone mais qu’elles étaient totalement invisibilisées. Nous avons trop longtemps négligé le travail de nos aînés et il est temps d’y remédier !

Voici 3 raisons pour lesquelles tu devrais absolument lire ce classique :

  1. Pour découvrir une pionnière du féminisme africain. Awa Thiam est la cofondatrice de la Coordination des Femmes Noires (1976), un collectif français qui s’érige à l’intersection de la lutte contre le sexisme et le racisme.
  2. Pour mieux comprendre le concept d’intersectionnalité. Dans ce livre, Awa Thiam décrit avec brio l’imbrication du patriarcat, du racisme, du (néo)colonialisme et du capitalisme – et ce, bien avant la théorisation de l’intersectionnalité par Kimberlé Crenshaw en 1989 ! Elle souligne l’importance de placer les femmes « négro-africaines » au cœur du mouvement féministe. « Là où l’Européenne se plaint d’être doublement opprimée, la Négresse l’est triplement. Oppression de par son sexe, de par sa classe et de par sa race ».
  3. Pour écouter les voix de femmes noires qui ont été réduites au silence et à qui Awa Thiam donne la parole dans ce livre. « Longtemps, les Négresses se sont tues. N’est-il pas temps qu’elles (re)découvrent leur voix, qu’elles prennent ou reprennent la parole, ne serait-ce que pour dire qu’elles existent, qu’elles sont des êtres humains – ce qui n’est pas toujours évident – et, qu’en tant que tels, elles ont droit à la liberté, au respect, à la dignité ? ».

J’espère que vous cette chronique vous aura plu ! N’hésitez pas à me partager vos impressions sur cet essai si vous le lisez.

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