« On ne peut pas choisir un jour d’être une femme et un autre jour d’être noire »

« On ne peut pas choisir un jour d’être une femme et un autre jour d’être noire » (Amandine Gay)

En tant que femmes noires, nous subissons des oppressions sexistes et racistes spécifiques.

Dans un français plus simple, ça donne quoi ? Nous vivons dans des sociétés qui avantagent de manière systémique les personnes blanches et les hommes. Nous, femmes noires, nous nous retrouvons donc doublement pénalisées par le fonctionnement de la société. Le sexisme dont nous sommes victimes est souvent empreint de racisme. Le racisme dont nous sommes victimes est souvent empreint de sexisme.

L’afroféminisme naît de ce constat. C’est un féminisme par nous et pour nous. C’est un féminisme qui part de nos expériences et de nos vécues. C’est un féminisme qui nous donne une voix.

En ce 8 mars, journée internationale des droits des femmes, j’ai voulu souligner l’importance de l’afroféminisme et vous partager ce qu’il m’a apporté.

Ce que m’a apporté l’afroféminisme

Je me sens moins seule. Je sais que j’affronte les mêmes difficultés que des millions de femmes noires aux quatre coins du monde.

Je ne normalise plus la mysoginoir (c’est-à-dire les discriminations sexistes et racistes que subissent les femmes noires). Quand j’étais adolescente, c’était monnaie courante de rabaisser une femme noire parce que c’était soi-disant une « Fatou », parce qu’elle était mal coiffée, mal habillée, trop maquillée, trop noire et j’en passe, à tel point que ça ne m’indignait pas tant que ça. Aujourd’hui je suis consciente que banaliser ce type d’actes, c’est ouvrir grand la porte au sexisme et au racisme.

Je ne nous culpabilise plus. Nous ne sommes pas responsables des stéréotypes que la société nous assigne : la femme noire en colère, sauvage, hypersexualisée ou encore la nounou… Ce n’est pas de la faute de cette femme noire qui parle trop fort dans la rue, ni de cette autre femme qui twerke dénudée dans un clip. Je sais que ces stéréotypes puisent leur source dans l’histoire coloniale et esclavagiste.

Je me sens plus libre de faire ce que je veux et d’être qui je suis sans avoir peur qu’on me dise « vous, les Noires, vous aimez trop faire ça » ou « vous, les Noires, vous êtes trop comme ça ». Je sais que je ne représente que moi-meme bien que la société nous nie une individualité. La « vraie femme noire » n’existe pas.

Je pose des mots sur les réalités que je vis en tant que femme noire. Rien ne vient de nulle part ou n’est le fruit de mon imagination.

J’ai conscience que tout est politique. Nos corps sont politiques. Notre marginalisation sociale est politique. Notre invisibilisation est politique.


Merci à Naya Ali de m’avoir fait découvrir l’afroféminisme.

Merci à BlackBeautyBag d’avoir parlé de beautés noires.

Merci à Amandine Gay d’avoir donné la parole aux femmes noires.

Merci à Rokhaya Diallo de toujours aller au front.

Merci à Chimamanda Ngozi Adichie d’avoir écrit des livres dans lesquels je me retrouvais.

Merci à Djamila Ribeiro d’avoir mis en évidence à quel point nos voix étaient marginalisées.

Merci à toutes les autres qui contribuent au combat afroféministe.

Merci aux précurseuses de l’afroféminisme.

Merci à toutes.

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