Ni chaînes ni maîtres, un film sur le marronage

Dimanche dernier, je suis allée voir le film Ni chaînes ni maîtres de Simon Moutaïrou. L’histoire se déroule en 1759 sur l’Isle de France (actuelle île Maurice). Massamba et Mati, père et fille, sont esclaves dans une plantation. Une nuit, Mati décide de s’enfuir. Madame La Victoire, célèbre chasseuse d’esclaves fugitifs, est engagée pour la traquer. Massamba s’évade alors à son tour pour rejoindre sa fille. Cette forme de résistance des esclaves à l’esclavage et à la colonisation, consistant à s’enfuir pour retrouver sa liberté, s’appelle le marronnage.

Rien que pour s’être emparé de ce thème au cinéma, ce film mérite d’être vu. Bien que nous ayons tous et toutes étudié la traite négrière atlantique à l’école, je crois que la majorité des Français et des Françaises de l’Hexagone n’ont jamais entendu parler de marronage. Malheureusement, l’abolition de l’esclavage est à tort représentée comme un acte de bienfaisance des colons, comme si les personnes esclavisées avaient attendu passivement que leurs maîtres les libèrent. Ce film rend hommage au courage et à la force de ces esclaves qui ont défié l’ordre colonial. On ressent tout au long du film la peur, l’instabilité et l’état de survie dans lesquels ils vivaient.

Sans même parler de marronage, la traite négrière atlantique reste un sujet tabou dans le cinéma français. Lorsqu’on pense à l’esclavage, les premiers films qui nous viennent à l’esprit sont états-uniens. En racontant cette réalité sombre et violente française, Simon Moutaïrou marque une rupture dans l’histoire du cinéma. Oui, c’est douloureux à regarder, vous allez sûrement avoir les larmes aux yeux, voire pleurer à chaudes larmes (selon votre sensibilité) mais je pense qu’il est important et nécessaire de raconter cette histoire.


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